Moulin de Genville (1972-1981) – nature

marais genville

Réserve Naturelle et Ornithologique de St.Rémy-Geest (1976).

Cette réserve de petites dimensions (1 ha 1/2) est située dans une région essentiellement agricole : elle borde la « Trislaine » affluent de la « Grande Gette ». Elle a été miraculeusement préservée d’une exploitation intensive grâce à sa nature marécageuse.

Jadis prairie drainée, les drains sont actuellement bouchés et le ruisseau « la Trislaine », prenant sa source immédiatement en amont de celle-ci, la traverse selon un large méandre transformant ses abords en plaine marécageuse. De ce fait, les associations végétales initialement cantonnées aux abords immédiats du ruisseau se sont développées sur une grande partie de la zone humide.

L’intérêt de cette petite réserve et de ses abords réside dans le fait que, sur une surface relativement restreinte, on découvre une grande variété de milieux car, outre le marais qui seul a été intégralement protégé jusqu’à présent, on trouve dans sa proximité immédiate :
• une frange boisée longeant la rivière Gobertange et essentiellement composée de frênes, charmes, aulnes, noisetiers;
• une petite bande d’aulnaie laissée totalement à l’abandon, dont certains, abattus et le tronc totalement évidé, servent de refuge tout indiqué à certains oiseaux cavernicoles.
 Cette zone est recouverte en partie d’orties dans la zone sèche et de Populage des marais dans la zone la plus humide.
• une peupleraie qui, bien que constituant un milieu très pauvre, n’en accroît pas moins la diversité écologique.

Quant au marais proprement dit et malgré son exiguïté, on peut néanmoins le diviser en trois zones distinctes, en fonction de leur distance respective par rapport au lit du ruisseau et à la hauteur d’eau de la zone inondée :

• Dans la zone la plus humide recouverte en permanence de 10 à 20 cm d’eau, on trouve de nombreuses cypéracées (Carex sp. = laiches), une remarquable station de Prêles, plantes fort rares dans la région, ainsi que des touffes de Juncus glaucus et J. effusus entre lesquelles se trouvent de nombreuses Lentilles d’eau.

• Une zone de transition séparant la partie inondée de la partie émergée présente une flore plus rudérale, notamment une frange d’Apium nodiflorum, une dominante de Salicaires et d’Epilobes, ainsi que la plante caractéristique de ce genre de site : la Pulicaire. Aux abords de la prairie primitivement pâturée croissent de belles colonies de Cresson et de Cardamines; de plus, la présence de Mouron aquatique est signalée.

• Enfin, la zone la plus sèche est recouverte d’une flore typiquement rudérale.

Cette végétation envahissante, la présence d’eau et la proximité du petit bois laissé à l’abandon n’ont pas manqué d’attirer et d’héberger un grand nombre d’oiseaux dont on a recensé jusqu’à présent 90 espèces et dont certains sont relativement rares dans la région.

Des propriétaires voisins ont placé leurs terrains en réserve libre, formant zone tampon, notamment un petit étang qui possède la particularité de ne pas geler en hiver, ce qui, lors de froids rigoureux, attire de nombreux oiseaux hivernant, chassés par la glace des étangs des environs, notamment : De tout ceci, il résulte que cette petite réserve prolongée par les réserves libres avoisinantes est, par sa situation géographique, d’une valeur indiscutable, tant du point de vue botanique qu’ornithologique, d’autant plus que, dans le contexte de l’Est du Brabant wallon très exploité, il subsiste bien peu de sanctuaires naturels.

Elle mérite donc tous nos soins et toute notre attention en vue de sauvegarder sa tranquillité, ce qui n’est pas simple étant donné la présence de grandes chasses au petit gibier dans ses abords immédiats et dont les membres ont la fâcheuse tendance à dépasser les limites. 

Il est à espérer que les terrains avoisinants pourront être acquis prochainement afin de préserver définitivement cet ensemble de grande valeur.

Henri Lust, Conservateur.