Maison Stroobant (1998-2003)

Client

Habitation personnelle

Superficie

80 m2

Situation

4, rue François Stroobant (Bruxelles)

Période

1998-2003

Anecdote :

Il a fallu beaucoup d’imagination pour voir le potentiel de cet appartement qui avait été laissé en bien triste état… Le débarrasser, l’assainir, ont été les premières choses à faire.

Au départ, les combles vides d’un immeuble bruxellois datant du début du XXe siècle. A l’arrivée, un pied-à-terre confortable et plein de charme, dans l’esprit XVIII français. Merci l’architecte !

“Quand nous nous trouvons ici, nous sommes comme dans un autre monde”, sourit Henri Lust.

Partageant son temps entre la Belgique et la France, l’architecte est amené à aménager un espace compris entre le dernier étage et le toit, appentis inclus, d’un immeuble à appartements.

“Ma première tâche fut d’abord de structurer ces quelques 80 mètres carrés entièrement vides. J’ai donc installé une cloison séparant le séjour de la cuisine. Mais afin de maintenir la communication entre les deux, j’y ai pratiqué une ouverture sous forme de fenêtre. Celle-ci comporte une astuce : son chassis est resté sans vitrage, ce qui permet d’avoir une séparation sans en avoir les contraintes. L’illusion est complète. Pour amener la lumière, le toit a par ailleurs été percé d’une large baie dans sa partie en appentis. J’y ai placé un simple vélux, mais j’ai posé dessus de fines lames verticales, ce qui donne un effet de serre ou d’atelier d’artiste.

Atmosphère raffinée, élégante et intime: le séjour ne laisse rien soupçonner de ses modestes origines. La structuration de l’espace, le jeu des volumes et la prise de lumière réalisés par l’architecte Henri Lust apparaissent clairement. Cuisine avec vue, un effet d’optique est créé avec cette “fenêtre” aménagée dans le mur séparant le séjour de la cuisine.

Ficelle, mastic et blanc cassé
Henri conçoit la décoration avec son épouse, Jacqueline Masquelier. L’ensemble décline les ficelle, mastic et blanc cassé, tous tons contribuant à créer une ambiance sereine, apaisante, loin de la rumeur citadine.

“Sur le sol, explique Jacqueline, nous avons mis du sisal monté sur un sous-tapis acoustique souple. Aux fenêtres, j’ai accroché des stores en lin naturel. Les murs sont peints avec une peinture de couleur ficelle (de marque Sigma). Partout, les murs sont terminés avec de hautes plinthes à l’ancienne et, pour la chambre, avec des moulures en plâtre classiques, toutes peintes dans un blanc réchauffé de rose.”

Entre Paris et province 

On retrouve ce même coloris sur le mobilier de la cuisine. Dessinée sur mesure, elle intègre sans dépareiller, dans son décor très classique, les électroménagers. Les matières naturelles sont à nouveau présentes ici avec le plan de travail en pierre bleue et les dalles de terre cuite par terre. Et elles le seront encore dans le cabinet de toilette et la salle de bains, le premier avec des carreaux en ciment (en provenance du Comptoir des céra-miques du Sud) au sol – “on l’entretient avec du savon noir pour lui donner une belle patine —, la seconde avec un parquet de chêne”.

Pour dîner en tête à tête, les chandelles posent une note bleue au milieu des teintes naturelles. Une cuisine d’inspiration classique, mais conçue avec tout le confort actuel. La pierre bleue est placée avec un petit retour sur le mur et équipée de planches à découper coulisssantes IKEA.
La chambre s’ouvre sur un cabinet de toilette, réalisé sur mesure afin de rentabiliser au mieux un espace exigu. Un plan en pierre bleue cerne le lavabo qui déborde du meuble de rangement. Au mur, un radiateur-porte-serviettes.
Dépouillement quasi zen pour la chambre. Les moulures assurent la finition classique de la pièce. Un détail qui a toute son importance.
Avec son parquet et ses lignes sobres, la salle de bains est conçue dans l’esprit années 30, avec un lavabo Art déco (modèle Albano de Vitruvit) et une robinetterie assortie (Delfi de Zuccheti) – les deux chez Van Marcke.

Très maison de famille, le mobilier dégage un parfum de province française XVIII. 

Pièces d’antiquités, merisier, bois patinés, sièges tapissés de toile de lin ou de coton, les meubles sont agencés sans encombrement, pour exploiter au mieux l’espace. La table est ainsi placée à la jonction du salon et de la cuisine. Et si la géométrie colorée d’un grand kilim réchauffe l’allure épurée du séjour, il fallait cependant autre chose encore pour créer cette indéniable sensation de confort — dans un volume, rappelons-le, entièrement vide à l’origine. 

“Il fallait une cheminée, déclare Henri Lust. Une belle cheminée à l’ancienne, en marbre… Alors, il y en a une, mais en bois peint en trompe-l’oeil! Elle est montée à la parisienne, à savoir que son ouverture est réduite au moyen de pans obliques, comme cela se faisait autrefois dans les appartements haussmaniens”.

Cette reconversion de combles anonymes est exemplaire. Elle démontre toute l’intelligence d’un travail professionnel, qui ne manque ni d’ingéniosité, ni d’astuces. Résultat: un bon livre au coin du feu, les bou-gies allumées, le vin mis en carafe, quelques fleurs coupées dans un vase, un lieu où le temps a décidé de suspendre son vol. 

Texte de Véronique Gilon – Photos Serge Anton